L’histoire fascinante du poisson d’avril
La tradition du poisson d’avril, telle qu’on la connaît aujourd’hui, trouve son origine au XVIe siècle, en France. En 1564, l’Édit de Roussillon imposa le calendrier grégorien, déplaçant le début de l’année du mois d’avril au 1er janvier. Toutefois, certains continuèrent de célébrer la nouvelle année en avril, ignorant ce changement. Pour tourner ces résistants en dérision, des plaisanteries légères se mirent à circuler, principalement sous forme de faux cadeaux ou de poissons en papier accrochés dans le dos. Ce dernier symbole évoque les poissons d’eau douce qui ne sont pas encore très alertes au printemps et se laissent attraper facilement, renforçant ainsi l’idée de tromperie bon enfant.
La tradition s’est ensuite diffusée dans plusieurs pays européens, adoptant des variantes locales tout en restant ancrée dans cet esprit de moquerie légère et festive.
Des variations culturelles du 1er avril
Si les Québécois et les Français restent fidèles à la coutume d’accrocher des poissons en papier au dos, d’autres pays célèbrent cette journée d’une manière différente. En Écosse, le 1er avril est surnommé le "Hunt the Gowk", une expression qui signifie "chasser le fou". Les participants envoient des messages absurdes demandant de transmettre le même contenu à d’autres personnes, créant une chaîne de confusion.
En Allemagne, le terme "Aprilscherz" désigne les blagues du 1er avril. Les tours y sont souvent plus subtils, mais tout aussi populaires. Au Japon, des blagues plus technologiques émergent, utilisant des gadgets et applications pour surprendre amis et famille. Ces différences montrent comment chaque culture s’approprie le concept du 1er avril avec sa propre créativité.
Les canulars médiatiques marquants
Le 1er avril a également marqué l’histoire des médias avec des blagues devenues légendaires. En 1957, la BBC diffusa un reportage montrant des paysans suisses "récoltant des spaghettis" sur des arbres. Ce canular, réalisé avec soin, trompa des milliers de téléspectateurs, certains contactant la chaîne pour apprendre comment ils pourraient eux aussi cultiver des pâtes.
En 1978, Dick Smith, un homme d’affaires australien, fit croire qu’il remorquait un iceberg vers le port de Sydney. L’opération visait à fournir de l’eau douce à la ville et des photos sensationnelles circulèrent avant que le canular ne soit dévoilé.
Au Québec, en 1983, une station de radio annonça que le volcan inexistant du Mont Édouard était entré en éruption. Cette fausse alerte provoqua brièvement la panique avant de révéler sa nature humoristique.
Ces canulars montrent la puissance des médias pour transformer l’imagination en réalité aux yeux du public, au moins pour un temps.
L’ère numérique et le poisson d’avril
À l’époque des réseaux sociaux, le poisson d’avril a pris une nouvelle dimension. Chaque année, des entreprises technologiques, des influenceurs et des internautes rivalisent d’ingéniosité pour piéger leur audience. Google, par exemple, a souvent profité du 1er avril pour annoncer des produits fictifs comme "Google Gulp", une boisson censée améliorer les performances intellectuelles.
Ce phénomène s’est répandu massivement grâce à Instagram, Twitter et TikTok, où les blagues virales captent l’attention de millions de spectateurs. Ces nouvelles formes d’humour permettent de préserver une tradition séculaire, tout en l’adaptant à un monde numérique.